lundi 31 mars 2008

L'art de la séduction (du 2 au 6 avril)

Petit coup de pub car je travaille en ce moment pour une galerie qui expose au Salon des Tuileries, baptisé "Pavillon des Arts et du Design" puisqu'il s'agit d'art du XXe siècle.
Sous la tente, 90 professionnels, marchands d’art et galeristes modernes et contemporains, exposent peintures, sculptures, mobilier, objets d'art... Le salon présente de grands artistes du XXe siècle (en peinture on trouve Picasso, Lothe, Derain, Hartung, Saint Phalle etc) sur des stands à l'esthétique ultra-léchée: on n'est pas là pour comprendre les oeuvres mais pour se laisser séduire, et pour acheter.
Une visite pas donnée (c'est 15 euros l'entrée, mais pour les étudiants en art, c'est gratuit) qui permet cependant de comprendre ce qui plaît et ce qui se vend en ce moment en Art Moderne, dans un univers radicalement différent du musée.

www.pad-paris.com/

samedi 29 mars 2008

Ambitieuse Babylone

L'autre jour j'évoquais le monstre Babylone au musée du Louvre, alors que je ne l'avais pas encore visité. Je l'ai fait hier soir, en nocturnes (l'horaire ne nous a pas empêchés de prendre un bain de foule digne d'un samedi à 16h).


Extrêmement ambitieuse, beaucoup trop à mon sens, la problématique aurait mérité d'être traitée en deux expositions différentes (une dans l'espace Sully et une autre dans Richelieu, dans le cadre d'une exposition dossier par exemple) comme ça avait été le cas pour l'Iran Safavides (Le Chant du Monde) et la Collection Aga Khan au début de la saison. En effet, l'exposition s'efforce de répondre à la question: comment comprendre Babylone entre la réalité (archéologique) et le mythe (chrétien, humaniste, positiviste, romantique) auquel elle a donné naissance? L'exposition, très longue, comporte donc deux parties.

La première partie, sur la Babylone historique, connue par les textes et les objets issus des fouilles, couvre une immense période d'environ 2000 ans (du roi sumérien Gudéa au Grec Alexandre Le Grand, en passant par Hammourabi et Nabuchodonosor II). Elle expose beaucoup trop de petits objets, expliqués par des cartels tout aussi minuscules et bas, et dont la plupart sont la traduction et l'analyse des dizaines de plaquettes cunéiformes placées au-dessus. Autant dire qu'au bout de 4 tablettes on est déjà fatigué et on préfère voir autre chose, comme les stèles commémoratives, les kudurru ou le code d'Hammourabi, plus grands et plus attrayants que les tablettes...


La seconde partie, sur la Babylone mythique, parcourt une dizaine de siècles, et nous montre au moyen d'enluminures, gravures, peintures, croquis, plans etc., l'évolution du mythe Babylonien. On commence avec le Moyen-Âge (la fascination pour les jardins suspendus), puis on continue avec la Rennaissance: aux Pays Bas, dans le contexte de la Réforme, on condamne la Tour de Babel (allégorie de la vanité humaine) par des peintures dramatiques, en Italie et en France Baylone est le prétexte aux représentations d'une archéologie fantaisiste. Suivent les très scientifiques XVIIe et XVIIIe siècles, avec les considérations savantes des jésuites sur la Tour (pourquoi elle ne pouvait pas tenir debout!!) et l'assimilation de Babylone au Phalanstère ou à la Ville idéale par les Lumières. On arrive enfin au XIXe siècle, où le mythe Babylonien devient romantique puis décadent (à voir: le tableau pompier de Rochegrosse qui représente une Babylone décadente et rose bonbon, une orgie kitsch!) avant d'être reconsidéré suite aux découvertes archéologiques dans les années 1850 (et là on retrouve l'archéologie, et l'objet: la boucle est bouclée, OUF!). Ce second volet, très littéraire, est intéressant et inédit mais desservi par la surabondance d'informations et son manque de visibilité...

Par conséquent, l'exposition n'est pas à la hauteur du propos. Trop élitiste et surtout très mal organisée d'un point de vue muséographique — pas de fauteuils, cartels minuscules, murs sombres et aux couleurs ignobles (vert sapin, mauve terne, kaki), textes petits sur de grands murs vides... tout y passe —, elle ne parvient pas à captiver le visiteur malgré un sujet vraiment passionnant.

vendredi 28 mars 2008

Quelques dessins en passant...


Quelques lignes sur la toute petite expo Le siècle de Watteau. Dessins français du XVIIIe siècle du musée Cognacq-Jay, car j'étais hier au vernissage.
Le musée du XVIIIe siècle de la Ville de Paris réorganise temporairement son accrochage à l’occasion de la parution du catalogue raisonné des Pastels et dessins de ses collections, et sort ainsi une cinquantaine de dessins de ses réserves. Assez décevante, et surtout minuscule, l'exposition s'ouvre sur une sélection de petits dessins de Watteau à la sanguine et craie blanche. C'est très beau, enlevé, léger, mais c'est malheureusement le meilleur de la visite, avec le petit couple de Fragonard qui s'enlace dans du foin... Les autres salles présentent un "siècle de Watteau" très large (on s'interroge devant un dessin de Ingres, certes joli, mais des années 1815...) avec des petits maîtres sympathiques (Louis-Gabriel Moreau l’aîné, Pierre-Antoine Baudouin, Nicolas Lavreince, Philibert-Louis Debucourt, Jean-Baptiste Mallet) mais dont on comprend en regardant les dessins pourquoi ils sont restés relativement méconnus!
L'exposition, qui ne vaut pas à tout prix le détour, ne doit cependant pas dissuader ceux qui ne le connaissent pas de visiter Cognacq-Jay, un des plus petits et mignons musées de Paris, installé dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle et qui présente ses collections dans des intérieurs de la même époque.

www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=6466



mercredi 26 mars 2008

Luristan

Petit contrepoint à l'exposition évènement Babylone qui se tient en ce moment au Musée du Louvre, le Musée Cernuschi — Musée des Arts Asiatiques de la Ville de Paris — présente un autre aspect du Proche Orient Ancien avec son exposition Bronzes du Luristan, Énigmes de l'Iran ancien (IIIe-Ie millénaire avant notre ère). C'est la première fois qu'une exposition s'attache exclusivement à ce sujet, peu connu, qu'est la production d'objets métalliques dans l'Ouest de l'Iran avant notre ère. Sans grande originalité (la muséographie est sobre et efficace) mais avec beaucoup de simplicité et de "pédagogie" (j'aime pas trop dire ça...) l'exposition suit un parcours chronologique et met l'accent sur l'esthétique des objets, l'évolution de leur style et leur iconographie mystérieuse (!). Sont présentés plus de 200 objets (issus de collections publiques ou privées): heurtoirs, haches rituelles, épingles etc., en forme de personnages et animaux hybrides assez incroyables: ailés, cornus, crochus, bicéphales...
La rareté du sujet dans les musées, la qualité des objets exposés et la clarté du discours... tout ça fait une exposition à visiter. J'ai beaucoup aimé!

www.cernuschi.paris.fr/