jeudi 25 septembre 2008

Bernardins chagrin

Curieuse comme de nombreux de parisiens de découvrir l'intérieur rénové du Collège des Bernardins, j'ai moi aussi fait la queue dimanche dernier (Journée du Patrimoine) pour pénétrer dans le lieu d'étude et de prière des moines cisterciens du XIIIe siècle. Avec la création, à partir des années 1200, des grandes universités, les villes de France d'Italie et d'Angleterre accueillent l'arrivée de monastères jusque là établis dans les zones rurales. Commencé en 1245 par l'Abbé de Clairvaux, l'ancien Collège Saint Bernard est situé au coeur du quartier latin. Il est pendant quatre siècles un lieu élitiste d'enseignement théologique avant d'être vendu comme bien national à la Révolution, puis transformé successivement en prison, école, caserne de pompier puis internat. En 2004, l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Hervé Baptiste et l’architecte Jean-Michel Wilmotte, prennent en main la restauration du bâtiment désormais destiné à devenir un "Lieu de recherche et de débat pour l'église et la société".
Si la conservation, dans l'état le plus stable, d'un monument historique dans un but de transmission aux générations futures comme témoignage historique et artistique du passé est une mesure qu'il faut célébrer — et encourager — la remise en état d'un tel monument nécessite un respect de l'architecture d'origine, une modestie dans le travail... et aussi un peu de bon goût.
Ces conditions semblent loin d'avoir été le soucis de Baptiste et Willemotte, lorsqu'ils ont inclu dans la nef du rez-de-chaussé une librairie, ou ont transformé le cellier en une suite de petites salles de conférence dont les portes grises massives coupent l'espace et évoquent plus la prison que l'épanouissement intellectuel. Enfin l'éclairage très "à la mode" (des spots oranges dans le sol, le long des colonnes, donnent l'impression que les piliers disparaissent vers le haut) est superflu et grandiloquent.
Je n'en dirai pas plus, un commentaire brillant sur cette triste restauration ayant été publié il y a déjà 3 semaines par Didier Ryckner, dans la Tribune de l'Art (dont je suis une lectrice assidue):
http://www.latribunedelart.com/Patrimoine/Patrimoine_2008/Bernardins_533.htm .
La Tribune ne s'appesantit pas sur la programmation "culturelle" du lieu. D'après ce qu'on peut lire sur le site, elle semble très éclectique, allant de la musique électroacoustique au cinéma des années 50 en passant par la peinture abstraite ou le récital de musique classique. Ca donne un peu une impression "fourre-tout", sans identité. Un peu de la culture à la louche...

Le lieu est malgré tout d'une grande beauté, pure et cistércienne, et il sera à nouveau visible gratuitement à l'occasion de la Nuit Blanche, le 4 octobre (http://www.paris.fr/portail/nb2008/Portal.lut?page_id=8707
)

Rue de Poissy M°10: Maubert Mutualité ou Cardianl Lemoine
http://www.collegedesbernardins.fr/

samedi 13 septembre 2008

Moins de luxe et plus de calme à la biennale

Il y a deux ans, la Biennale des Antiquaires se réinstallait après de nombreuses années d'absence, pour cause de rénovation, sous la verrière du Grand Palais. Stands immenses, univers personnalisés et originaux, parquets en bois massif, cimaises colorées, lumières séduisantes très travaillées... bref tout était mis en oeuvre pour accueillir les plus grandes galeries d'art du monde entier (Paris, Genève, New York etc) et magnifier les retables florentins du XVe, les statues votives du Bénin, les incontournables Picasso, Matisse, Vlaminck, Degas, les porcelaines chinoises, les dernières créations de Cartier ou Dior, les consoles rococo et autres fauteuils cabriolets XVIIIe... Que l'on ait été fasciné ou insupporté (souvent les deux à la fois) par la débauche de luxe, de champagne et de chaussures à talons qui entouraient des objets d'art incroyables, on ne pouvait nier la très grande qualité de la manifestation.

Morosité ambiante, crise du pouvoir d'achat? Cette année la biennale semble avoir "descendu d'un cran" et l'ambiance se rapproche plus de celle du Pont Alexandre III (Paris) ou de Tour et Taxis (Bruxelles). Les stands semblent tous plus petits, beaucoup moins originaux et personnels, assez basiques (moquette grise et cimaises en tissus crème pour beaucoup). La qualité des objets est au rendez-vous (pour moi qui aime la peinture, impossible de ne pas rester skotchée devant les Guardi, Sassoferato, Van Baburen, Chassériau, Hopper, Mirò, Picasso, ou Chu Teh Chun) mais l'ambiance n'est pas la même, et la visite se fait beaucoup plus rapidement qu'il y a deux ans, on peut, en trois heures, tout voir avec attention.

XXIVe Biennale des Antiquaires, Grand Palais
11-21 septembre 2008; 11h-23h (entrée 20€, TR 10€ étudiants en art)
http://www.bdafrance.eu/