Quand on pense à l'art classique, à la sculpture, aux arts graphiques et à la peinture en particulier, on oublie souvent qu'il existe une autre source d'inspiration pour les artistes que la religion ou la mythologie, le paysage ou la nature morte, le portrait ou la scène de genre... il s'agit bien entendu la littérature et la poésie!
Pourtant, depuis les romans courtois du Moyen-Âge, les écrivains et poètes - Dante, l'Arioste, Shakespeare - fournissent à travers leurs écrits un large répertoire iconographique. Ils sont le point de départ à des images peut-être moins conventionnelles, plus romanesques ou sentimentales, plus fantastiques ou oniriques, dans lesquelles l'artiste peut aisément projeter son propre imaginaire.
Ludovico Ariosto dit l'Arioste (1474 - 1533), dont on lit souvent le nom sur les cartels des musées, était un écrivain et homme de cour au service des princes d’Este, à Ferrare. Il y publia en 1516 la première édition du Roland furieux, un long poème chevaleresque (près de 40 000 vers) inspiré de la mythologie païenne, des romans médiévaux et des contes et légendes de l'Italie de la Renaissance humaniste. Son univers, exubérant, érudit et précieux, nourri de références, est peuplé de combats, de chevaliers, de forêts incroyables et d'héroïnes à délivrer. Dès sa parution, le poème fut un immense succès et il ne cessa de nourrir, durant quatre siècles, la créativité des peintres, sculpteurs, écrivains, de l'Opéra et du théâtre.
Peut-être un peu érudite, cette petite exposition "L'imaginaire de l'Arioste" ne comporte cependant que deux salles "L'imaginaire de l'Arioste" et "L'Arioste imaginé" et nous montre de Pisanello à Ingres, en passant par Nicolò dell'Abate, Fragonard, Duseigneur ou Gustave Moreau, les artistes italiens et français qui se sont inspirés et appropriés l'Univers du Roland Furieux. Les dessins renaissants, foisonnants de détails, sont de petites merveilles. À voir donc, s'il on se promène au Louvre dans l'aile Denon, plutôt que les médiatiques et sans intérêt "Funérailles de Mona Lisa", c'est mon avis.
Jusqu'au 18/05/2009, Musée du Louvre, aile Denon, tarif inclus dans le billet du musée (gratuité -18 ans et -26 ans le vendredi soir!) Lien ici.
Illustrations:
1- Pisanello (dit), Antonio di Puccio di Giovanni (Vérone ou San Vigilio, 1394 ? - ?, 1450/1455), Coque d’un navire portée par un dragon et esquisse d’un dragon, plume et encre brune, lavis brun, pierre noire, musée du Louvre, département des Arts graphiques © Musée du Louvre.
2- Jean-Auguste-Dominique Ingres, Roger délivrant Angélique, 1819, huile sur toile, 147 x 199 cm, musée du Louvre, département des Peintures © Musée du Louvre.
3- Antoine-Louis Barye, Angélique et Roger montés sur l’hippogriffe, vers 1840, bronze à patine verte, 51,5 x 69 x 29 cm, musée du Louvre, département des Objets d’arts, déposé au département des Sculptures.© Musée du Louvre.