
Regroupant les fonds du Petit Palais (le legs Dutuit) et de l'INHA (la collection Doucet) l'exposition présente 280 œuvres, parmi lesquelles 210 estampes, dont certaines inédites. Très complète, l'expo envisage la question de la gravure chez l'artiste espagnol depuis ses influences (les premières copies des Rembrandt, Vélasquez et Tiepolo, mais aussi les Caprices de Piranèse et des gravures populaires) jusqu'à sa postérité chez les peintres français romantiques puis symbolistes (Delacroix, Manet, Redon...)
Entre les deux sont présentées les grandes oeuvres gravées de l'artiste: les séries des Caprices (1797-1799), des Désastres de la Guerre (1810-1820), de la Tauromachie (1815-1816) et des Disparates (1816-1823). Critiquant avec une force incroyable le pouvoir religieux (l'Inquisition) ou terrestre (les souverains espagnols puis l'impérialisme français), et plus généralement la cruauté et la bêtise humaine, Goya crée des images fantastiques, subtiles et contrastées, à la fois grinçantes, monstrueuses, fascinantes, absurdes et ironiques.

Extrêmement longue (compter environ 2h30) l'expo évite l'indigeste grâce à un propos clair, une muséographie ample (nécessaire repos de l'oeil après l'observation d'innombrables petites hachures!) et grâce au "contrepoint" technique. Après la très belle exposition Carriès (11/10/2007 au 27/01/2008), où l'on pouvait toucher des échantillons de plâtre, cire, bronze etc, pour comprendre les matériaux du sculpteur, le Petit Palais persévère dans le choix judicieux d'une présentation des techniques de création, c'est tant mieux!
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