samedi 23 janvier 2010

POUR DES CAUSES DIVERSES ET VARIÉES CE BLOG N'EST PLUS MIS À JOUR.
JE LAISSE EN LIGNE LES ARTICLES PRÉCÉDENTS.

mardi 13 octobre 2009

La subversion des images - visions surréalistes

Je suis allée il y a quelques jours déjà au Centre George Pompidou visiter l'exposition "La subversion des images" et je pense que je vais retourner y faire un tour avant sa fermeture le 11 janvier 2010, tellement j'ai aimé m'y promener!

"La subversion des images" présente une vaste sélection des plus belles épreuves des photographes surréalistes Man Ray, Hans Bellmer, Claude Cahun, Raoul Ubac, Jacques-André Boiffard, Maurice Tabard, Brassaï etc. L'exposition révèle aussi des corpus méconnus de collages d'artistes renommés comme Paul Eluard, André Breton, Antonin Artaud ou Georges Hugnet, des jeux photographiques de Léo Malet ou Victor Brauner. Enfin, des personnalités moins connues comme celles d'Artür Harfaux ou Benjamin Fondane sont mises en lumière.

L'exposition s'organise selon un angle thématique qui explore en 9 salles les multiples façons avec lesquelles les artistes surréalistes explorent les possibilités techniques et esthétiques de la photographie, des photomatons ou portraits, aux images mises en scènes, retouchées, découpées, collées, déformées, colorées etc. Une petite série de films et de courts-métrages réalisés par des artistes surréalistes (souvent aussi photographes), comme Luís Buñuel, Man Ray ou Germaine Dulac, complète le discours sur la subverson de la réalité.
Nous sont révélés à la fois l'incroyable créativité des artistes surréalistes, leur humour, leur plaisir de jouer avec les images, et les nombreux usages de ces épreuves : publications dans les revues ou les livres d'artistes, publicités, collections d'images, fascination pour le document brut, photomatons, photographies de groupe.

Bien qu'elle ne présente que des oeuvres en noir et blanc (parfois certains collages sont rehaussés de couleur mais l'univers photographique du début du XXe est en noir et blanc), l'exposition réussit à ne jamais fatiguer le regard du visiteur. D'une part, les oeuvres les plus petites sont accrochées au début du parcours, l'accrochage s'éclaircit au fil de la visite. D'autre part, la scénographie très sobre — un simple fil rouge horizontal orne les cimaises simplement blanches — serre magnifiquement les œuvres.

Les photos sont chacunes des petits univers délirants, inventifs, déroutants, drôles, poétiques, oniriques... La fièvre créatrice des avants-gardes est palpable. L'envie de jouer avec les images et le second degré permanent créent un enthousiasme communicatif. On sort avec l'envie de regarder le monde autrement, de le réinventer avec notre colle et nos ciseaux.

Jusqu'au 11 janvier 2010
Infos ici

1- Brassaï, Magique-circonstancielle / 1931 / Photographie publiée dans Minotaure, n°5, 1934 / Grand format / ©Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
2- Man Ray, Le Violon d'Ingres, 1924 Epreuve gélatino-argentique montée sur papier/ 31 x 24,7 cm (hors marge : 28,2 x 22,5 cm)/ © Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
3- Dora Maar, Pierre Kefer, Étude publicitaire pour Pétrole Hahn, vers 1934/ Négatif gélatino-argentique original sur plaque de verre, 9 x 13 cm/ Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris

jeudi 1 octobre 2009

Design à la cour

Profitez-donc du week-end prochain pour vous rendre à Fontainebleau visiter l'exposition "Design à la cour" avant qu'elle ne ferme ses portes lundi 5 octobre.

L'exposition propose aux visiteurs, pour la première fois, un aperçu des "magasins" situés dans les combles du château de Fontainebleau, autrement dit le stock d'objets d'usage courant destinés à "l'hôtellerie" du château (les chambres de service et appartements de suite destinés à l'accueil des cours impériales et royales entre 1804-1870).

Par ailleurs, l'exposition organise une rencontre avec les collections du Centre national des arts plastiques (Cnap), institution qui a pour vocation d'acquérir la fine fleur du design contemporain et de la mettre à disposition des musées qui en font la demande tant en France qu'à l'étranger.

Sont ainsi confrontées selon les pièces du château et les thématiques qui leur sont rattachées (vestibule, galerie François Ie, salle de bal salon des aides de camps etc.) les objets décoratifs du XIXe siècle, de la fin du XXe et des premières années du XXIe siècle: chaises, luminaires, vases, tables, lavabo, baignoires...

Les objets contemporains s'intègrent étonnamment bien au cadre de marbre et de boiseries dorées, très chargé, du château, qu'il rafraîchissent avec bonheur. Les chaises empilées, les armoires ouvertes sur les collections de porcelaines de Sèvre (napoléoniennes ou de 2009), donnent l'impression qu'on a rouvert les fenêtres d'un château un peu endormi et poussiéreux, qu'on a aéré les placards et qu'on a introduit la couleur, le neuf au sens positif, gai et dynamique du terme.

Claire, simple, thématique, cette exposition est l'occasion idéale de découvrir ou redécouvrir Fontainebleau et de s'intéresser au design, dont les prémices s'instaurent justement au XIXe siècle, lorsque l'on commence, grâce aux nouvelles techniques industrielles, la production en série d'objets fonctionnels et esthétiques.

Jusqu'au lundi 5 octobre 2009.
Informations complémentaires sur le site du Cnap ou sur le site du château de Fontainebleau.

Illustrations:
1-
Flambeaux et bougeoirs en bronze argenté, époque Premier Empire. © Sophie LLOYD, château de Fontainebleau & Chris Kabel - Flames, 2003 - Centre national des arts plastiques – © photo : CNAP/Y.Chenot, Paris
2-Escalier saint Louis avec lampe de Achille Castiglioni, Bey Jurgen, Graumans Rody, Grcic Konstantin, Maurer Ingo © musée et domaine nationaux de Fontainebleau
3-Alessandro Mandini, Fauteuils Soft Big Easy, 1987-2001 © musée et domaine nationaux de Fontainebleau


mardi 29 septembre 2009

Regarder Renoir

L'exposition Renoir au XXe siècle qui s'est ouverte depuis quelques jours au Grand Palais suscite des critiques très diverses. Je n'apprécie pas toutes les oeuvres de Renoir, loin de là. Cependant, l'intérêt et le plaisir que j'ai éprouvés au cours de ma visite de l'exposition, ainsi que mon désaccord avec le commentaire dépréciatif de Lunettes Rouges m'ont donnés envie d'écrire en quelques lignes les raisons pour lesquelles il faut, selon moi, faire un tour à "Renoir au XXe siècle".

L'exposition présente l'oeuvre de la fin de vie de Pierre-Auguste Renoir, c'est-à-dire sa production peinte, dessinée et sculptée — l'accent est mis sur la peinture — des années 1890 à 1919, année de la mort du peintre.

Tout le monde connaît Renoir, le peintre impressionniste des années 1875-1880, l'auteur du Bal au Moulin de la Galette (1876, Paris, Orsay) ou du Déjeuner des canotiers (1881, Washington, National Gallery). Mais on oublie souvent qu'il produisit jusqu'en 1919, c'est-à-dire qu'il fut contemporain des "avants-gardes": le fauvisme, le cubisme, le futurisme, la naissance de l'abstraction et Dada.

Certes, certains lui reprochent, Renoir n'est pas un "moderne". Il ne se convertit ni au fauvisme, ni au cubisme, et il ne semble même pas en subir l'influence. Il continue ses recherches picturales, il poursuit dans la logique de son oeuvre — quoi de plus naturel? —, il hésite encore. Il revient aux "classiques", regarde Boucher et l'art du XVIIIe siècle dans ses nus à la toilette aux carnations nacrées, il se tourne vers l'orientalisme rêvé d'Ingres, ou vers celui plus flamboyant de Delacroix dans ses Odalisques ou ses danseuses orientales, il revendique un art intemporel et décoratif. À l'instar de ses maitres classiques, Renoir prend les femmes pour modèle. Il aime leurs chairs nuageuses, leurs corps ronds et accueillants, leurs chevelures épaisses. Sensuelles sans être sexuelles, elles sont peintes à l'aide d'une touche vaporeuse comme une poudre de pastel.

Des oeuvres de ses contemporains: Bonnard, Picasso, Matisse, émaillent le parcours. Elles ne sont pas là, comme l'ont vu certains, pour montrer en vain que Renoir "annonce" ou "préfigure" quoique ce soit — je trouve en outre l'idée de l'artiste "annonciateur" inepte. Elles sont au contraire des contrepoints pour situer le peintre. Les confrontations permettent de comprendre les éléments de la peinture de Renoir dont les jeunes peintres du XXe siècle se nourrissent, les thématiques qu'ils partagent, et surtout la marginalité de Renoir par rapport à cette jeune génération des Picasso et Matisse. A ceux qui reprochent à Renoir de ne pas être de son temps, je répondrais par exemple que ces derniers, Matisse et Picasso, deviendront aussi des "classiques", comme Renoir, à la fin de leur vie. Et personne ne s'étonne aujourd'hui que Picasso, mort en 1973, ne se soit jamais confronté au monochrome, au néon, ou à la vidéo.

Renoir n'est pas moderne, mais dire que Renoir n'appartient pas au XXe siècle est une erreur. Au contraire, c'est le XXe siècle qui lui apporte la reconnaissance publique, institutionnelle et commerciale.
L'exposition "Renoir au XXe siècle" permet donc de comprendre en quoi la richesse du début du XXe siècle réside dans la diversité des styles, des manières, des personnalités des artistes. Elle permet aussi de découvrir des chefs-d'oeuvre de la peinture, comme La colerette rouge ou Jeune espagnole à la guitare (illustrations): la composition, la couleur, la lumière, la matière, tout y est virtuose.

Jusqu'au 4 janvier 2010.

Illustrations
1- Fille à la collerette rouge, Pierre-Auguste Renoir, 1896 -Huile sur toile, 41,3 x 33,3 cm
© Philadelphia Museum of Art
2- Jeune Espagnole avec une guitare, 1898, The National Gallery of Art, Washington© The National Gallery of Art, Washington

samedi 13 juin 2009

Premiers retables

Prise par le temps, je ne peux écrire que quelques lignes rapides à propos de Premiers retables (XIIe siècle-début du XVe siècle), Une mise en scène du sacré, l'exposition - dossier au musée du Louvre.
Néanmoins, cette exposition est, je crois, mon coup de coeur de l'année. Je n'y étais entrée que pour y passer, par curiosité, et je me suis laissée prendre par la simplicité et la beauté des oeuvres présentées. L'accrochage et le déroulement de l'exposition sont clairs, précis et le propos intelligent, une réussite!
Des frontaux retables romans en pierre polychromes (dans le Nord de la France) ou en bois peints (en Catalogne ou dans le Sud Est de la France) aux mises en scènes complexes et pathétiques du gothique tardif, notre oeil assiste à l'évolution du retable, image du sacré par excellence. Certaines sculptures sont incroyables. Pour ne citer que lui, Le Martyre de Saint Hyppolite, du XIIIe siècle, est pur et élégant mais témoigne aussi d'un naturalisme inattendu et émouvant.
Je ne suis quasiment jamais déçue par les expositions-dossier du musée du Louvre, et Les premiers retables ne dérogent pas à la règles. Loin des tape à l'oeil expositions dont les titres foisonnent de termes dithyrambiques et trompeurs (tout n'y est qu' "or", "Roi", "trésors" etc.) les expositions-dossiers permettent de lier délectation et découverte, selon une vraie problématique. En exposant au sein du musée ces "fragments d'histoire de l'art" elles nous invitent à nous arrêter dessus, les observer et les comprendre, mais également à revoir d'un oeil enrichi les oeuvres des collections permanentes. En un mot, le propos n'est pas gratuit.

Selon moi, il s'agit donc d'une exposition à ne pas manquer (quitte à paraître louvro-centrée!).

Du 10-04-2009 au 06-07-2009 Lien ici
Photographies:
[1] Retable dit de Carrières, Annonciation, île de France, milieu XIIe siècle, Pierre polychrome, Musée du Louvre© Musée du Louvre / Pierre Philibert
[2] Martyre de Saint Hyppolite, XIIIe siècle, pierre Musée de Louvre,© Musée du Louvre / Pierre Philibert

dimanche 31 mai 2009

Or et pouvoir

L'or et la dévotion ont le vent en poupe on dirait! Après les primitifs italiens du musée Jacquemart André le mois dernier, j'ai visité Le Mont Athos et l'Empire byzantin, Trésors de la Sainte montagne au Musée du Petit Palais.
L'exposition dont le titre est séduisant m'a cependant laissée sur ma faim. Organisée selon un plan chrono-thématique — souvent assez difficile à mener — l'exposition présente des objets magnifiques au gré d'une muséographie aux couleurs plaisantes mais selon des sections qui m'ont laissée perplexe. On repère trois parties précédées d'une introduction.
L'introduction présente brièvement le Mont Athos. Le géant mythologique Athos, écrasé par un rocher lancé par Poséidon au cours du combat avec les Dieux, est à l'origine du nom de la péninsule grecque où la Vierge aurait séjourné et sur laquelle s'implanta à partir du IXe siècle une vingtaine de monastères chrétiens. En effet, la crise iconoclaste qui sévit à Byzance entre 730 et 843 contre les images du culte incita les iconodules à s'établir dans des terres plus reculées. Soutenus par les empereurs byzantins depuis Théodora et jusqu'à la chute de Constantinople en 1453, les moines athoniens jouirent de privilèges qui expliquent la richesse de leurs icônes et de leur mobilier somptuaire.
De la dynastie macédonienne à celle des Paléologues, l'exposition nous explique en premier lieu comment l'art monachique et le pouvoir impérial étaient intimement liés, la richesse de l'un constituant la mise en scène de l'autre. Sont exposés des manuscrits (gérontikon et tétraévangiles) sublimes et très minutieusement ornés, des chrysobulles, des icônes et des psautiers qui témoignent du puissant "mécénat" impérial.
La seconde section, intitulée "L'art Byzantin au Mont Athos" laisse perplexe. Elle présente quasiment exactement les mêmes objets que la section précédente mais le discours diffère légèrement. Là encore, les épais petits psautiers aux écritures minuscules, les plats de reliures en argent doré et émail, rouleaux liturgiques et autres revêtements de codex en métal précieux sont superbes, mais on reste sur sa faim quant aux commentaires. Quid de l'usage de ces objets dans le contexte monachique? Des ateliers de productions ou des techniques de créations par exemple?
Une dernière partie, plus originale, traite de l'art "post-byzantin au Mont Athos", c'est-à-dire après la chute de Constinople et à l'heure de la domination ottomane. Il est amusant d'observer, malgré la très grande permanence des formes qui caractérise l'art byzantin, le léger souffle maniériste dans les icônes du XVIe siècle, ou la mince influence des art de l'islam dans certains portraits du XVIIe siècle. Preuve que la réclusion monachique n'est pas toujours synonyme d'imperméabilité stylistique.

Relativement courte pour une exposition du Petit Palais, ce n'est pas un mal, Le Mont Athos et l'empire Byzantin aurait peut-être pu approfondir un peu plus la question du rapport entre l'art et les spécificités du monastère byzantin, fouiller un peu plus la chronologie (quelles différences politiques et quelles conséquences sur l'art, entre la dynastie des Macédoniens et celle des Paléologues?) ou les techniques d'orfèvrerie ou d'enluminure pour éviter la section centrale un peu "fourre-tout".

Du 10 avril au 5 juillet 2009
renseignements pratiques ici

Illustrations:
[1] Archange, éléments de Grande Déisis, (c) Monastère de Vatopédi
[2] Calice, dit "Jaspe" - (c) Monastère de Vatopédi
[3] Déisis, saint Georges et saint Paul Xéropotaminos (c) Monastère de Saint-Paul

mercredi 8 avril 2009

L'art somptueux de la dévotion: "De Sienne à Florence"

Des oeuvres de très grande qualité, riches et raffinées... voilà bien le credo du Musée Jacquemart-André qui, ce printemps, rivalise avec les Lippi du Luxembourg (que je ne suis pas- encore?- allée voir) en présentant "De Sienne à Florence... Les Primitifs Italiens de la Collection d'Altenbourg".

La collection de Primitifs Italiens du musée d'Altenbourg, constituée au début du XIXe siècle par le baron, homme politique et amateur d’art allemand Bernard von Lindenau (1779-1854), ouvrit ses portes au public en 1848 dans la ville natale du collectionneur. Ce dernier souhaitait en effet favoriser l’accès du plus grand nombre à la culture « pour l’éducation de la jeunesse et le plaisir des anciens ». Tombée dans l'oubli sous le régime communiste, cette collection fut redécouverte après la réunification allemande.

"De Sienne à Florence" est l'occasion de s'immerger un temps dans la précieuse production picturale toscane du XIIIe au XVe siècles. Le parcours, comme l'indique le titre de l'exposition, nous fait voyager de la gothique Sienne à son éternelle rivale, Florence, où naquit la Renaissance. De Lippo Memmi à Lorenzo
Monaco, on ne cesse de s'émerveiller devant l'habileté et la subtilité du travail de ces premiers maîtres. Peintes avec patience et virtuosité, leurs images sont des microcosmes où l'oeil se perd. Notre regard parcourt les oeuvres sans se lasser des détails, de la richesse des couleurs (les drapés et les carnations sont les lieux de modulations infinies), de l'expression de ferveur et de sérénité des Vierges à l'enfant.
Fortement marquées par l'influence byzantine de la dynastie contemporaine des Comnènes, les premières oeuvres siennoises sont proches des icônes à fond d'or. Elles sont empreintes d'un fort pathos, souligné par le vigoureux cerne qui dessine les figures et objets (Guido de Siena, panneaux de prédelle vers 1270). Des années 1350 à la fin du XIVe siècle, les Siennois affirment leur gothique international, riche et minutieux. Légers et sinueux, leurs personnages sont vêtus de drapés colorés chatoyants (vert tendre, roses, ou lapis-lazuli) qui se découpent sur des fonds d'or.
Rivales politiques, Siennes et Florence sont aussi en concurrence esthétique. Sienne perfectionne le gothique international pour rivaliser avec les prémices de la Renaissance florentine. Malgré cela des échanges ont lieu et les recherches contemporaines des Florentins transpercent dans l'art précis et chatoyant de Sano di Pietro ou Pierto di Giovanni d'Ambrogio - formé chez Sasseta. Ils introduisent dans leurs oeuvres des éléments perspectifs et les corps de leurs personnages gagnent en ampleur.
C'est finalement Florence, représentée à partir du XIVe siècle par Giotto, Nardo di Cione ou Bernardino Daddi, qui domine sa rivale. Sienne est définitivement mise à l'écart à l'issue de la victoire à San Romano en 1432. Puissance politique et militaire, riche du commerce des banques, Florence et ses mécènes permettent à l'art religieux un épanouissement exceptionnel. Représentant de la "manière colorée" Fra Angelico est exposé à travers deux superbes panneaux: un miracle de la jambe noire et une "Preuve par le feu de Saint François devant le sultan".

Grâce à un accrochage clair, on comprend aisément les différences et liens entre les deux foyers artistiques successifs. Cependant, la qualité des oeuvres ne fait pas tout, et si ces dernières témoignent de la richesse de leurs commanditaires, l'exposition est avare en explications! Les textes muraux sont très succints et les cartels réduits au minimum. Par exemple, parmi les œuvres venues d’Altenbourg, certaines proviennent de polyptyques aujourd’hui dispersés. L’exposition se veut l’occasion d'en reconstituer certains grâce aux prêts de grands musées français, allemands, anglais et italiens. Malheureusement, aucun cartel allongé ou "panneau pédagogique" n'explique la disposition des éléments composant lesdits polyptyques, et l'accrochage ne la suggère pas non plus.
Y aller, pour le plaisir des yeux avant tout.


Jusqu'au 21 juin 2009. Ouvert tous les jours. site ici

Illustrations:
[1] Lippo Memmi, Sainte Marie Madeleine, panneau du polyptyque pour l’église San Palo à Ripa d’Arno, 1290-1347, Musée du Petit Palais, Avignon © René-Gabriel Ojéda
[2] Guido Da Siena, L'adoration des Mages, panneau de prédelle pour l’abbaye d’Ardenga à Montalcino, vers 1270-1280, Musée Lindenau, Altenbourg © Bernd Sinterhauf, Lindenau Museum, Altenburg, 2008
[3] Fra Angelico, La preuve par le feu de Saint François devant le Sultan, (1429)
© Bernd Sinterhauf, Lindenau Museum, Altenburg, 2008