mercredi 9 avril 2008

Lovis Corinth

D'un côté de la Seine, au musée du Louvre, on est désemparé face à l'ampleur de l'exposition Babylone: multitude des objets, complexité chronologique, érudition du propos, longueur des textes explicatifs... Sur l'autre rive, le musée d'Orsay nous offre à voir en ce moment exactement l'inverse avec sa rétrospective du peintre allemand Lovis Corinth (1858- 1925) "Entre Impressionnisme et Expressionnisme".

Le commissaire de l'exposition, Serge Lemoine, ancien directeur du musée d'Orsay, nous présente selon un parcours chrono-thématique sans originalité les peintures et dessins de Corinth (c'est la première rétrospective du peintre en France).
Qu'on aime ou qu'on n'aime pas Corinth, on est dès l'entrée de l'exposition frappé par la médiocrité des très succinctes explications
(un seul texte mural par salle, entre 4 et 6 lignes). La vacuité du discours est telle (c'est aussi bien écrit que le Bénézit*) que je ne peux pas m'empêcher d'en citer un extrait représentatif (qui constitue d'ailleurs 2/3 du texte mural): "un même sujet a pu être prétexte à des solutions picturales différentes tout au long de son oeuvre". Tout est comme ça, jamais plus développé.
Le discours est malheureusement aussi peu clair que l'art de Corinth. Banals, ses sujets vont du portrait au paysage en passant par la scène de genre, la nature morte et quelques scènes religieuses torturées ou mythologiques criardes. Ni impressionniste ni expressionniste, mais plutôt (lourdement) inspiré de Rembrandt, de Snyders ou de Böcklin, Corinth peint avec un style empesé et laborieux dans des tonalités sourdes — rehaussées de couleurs stridentes.
Il m'est difficile d'écrire sur quelque chose que j'ai aussi peu aimé. Je m'arrête donc là, en déconseillant fortement la visite, et en espérant bientôt, entre le Louvre et Orsay, parcourir des expos qui trouvent un juste milieu!

[ ill: Samson aveugle, 1912 (h/t, Berlin)]
* Le Bénézit est un dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, connu et utilisé pour la forme compacte de ses notices.

www.musee-orsay.fr

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Alix pour ce commentaire bien senti! Tout à fait mon impression après la visite de l'exposition. Si toutefois vous avez la gratuité, c'est l'occasion de voir un artiste qui n'invente pas la poudre, histoire de regarder à nouveau Manet, Cézanne, Schiele, Kirschner avec des yeux ébaubis...

Elise

RizThon a dit…

Ca donne pas très envie...

Elodie a dit…

Comme tu as raison.... Et dire que j'ai étudié "ça" en 3e année.
Et non seulement Philippe Dagen marche sur la tête, mais le "Journal des Arts" suit le mouvement.

Mais où allons-nous ?

François a dit…

Bonjour Alix, et bravo pour votre blog!

C’est vrai que pour beaucoup d’observateurs, Lovis Corinth peut apparaitre comme un post-réaliste un peu sinistre...Mais ses confrères allemands Slevogt et Lieberman, qui maintenaient une facture plus classique et plus attractive, me semblent finalement bien frileux, parce que le sujet seul, considéré comme réaliste, ne suffit pas à en épouser l’esprit.
Et que dire de la position réductrice que lui a bien vite assignée l’histoire de l’art, entre impressionisme et expressionnisme, comme le titrait l’expo ? Sans avoir vu la rétrospective, j’ai néanmoins conservé un souvenir très fort de son Christ rouge, que j’ai découvert à la pinacothèque de Berlin l’été dernier.