dimanche 31 mai 2009

Or et pouvoir

L'or et la dévotion ont le vent en poupe on dirait! Après les primitifs italiens du musée Jacquemart André le mois dernier, j'ai visité Le Mont Athos et l'Empire byzantin, Trésors de la Sainte montagne au Musée du Petit Palais.
L'exposition dont le titre est séduisant m'a cependant laissée sur ma faim. Organisée selon un plan chrono-thématique — souvent assez difficile à mener — l'exposition présente des objets magnifiques au gré d'une muséographie aux couleurs plaisantes mais selon des sections qui m'ont laissée perplexe. On repère trois parties précédées d'une introduction.
L'introduction présente brièvement le Mont Athos. Le géant mythologique Athos, écrasé par un rocher lancé par Poséidon au cours du combat avec les Dieux, est à l'origine du nom de la péninsule grecque où la Vierge aurait séjourné et sur laquelle s'implanta à partir du IXe siècle une vingtaine de monastères chrétiens. En effet, la crise iconoclaste qui sévit à Byzance entre 730 et 843 contre les images du culte incita les iconodules à s'établir dans des terres plus reculées. Soutenus par les empereurs byzantins depuis Théodora et jusqu'à la chute de Constantinople en 1453, les moines athoniens jouirent de privilèges qui expliquent la richesse de leurs icônes et de leur mobilier somptuaire.
De la dynastie macédonienne à celle des Paléologues, l'exposition nous explique en premier lieu comment l'art monachique et le pouvoir impérial étaient intimement liés, la richesse de l'un constituant la mise en scène de l'autre. Sont exposés des manuscrits (gérontikon et tétraévangiles) sublimes et très minutieusement ornés, des chrysobulles, des icônes et des psautiers qui témoignent du puissant "mécénat" impérial.
La seconde section, intitulée "L'art Byzantin au Mont Athos" laisse perplexe. Elle présente quasiment exactement les mêmes objets que la section précédente mais le discours diffère légèrement. Là encore, les épais petits psautiers aux écritures minuscules, les plats de reliures en argent doré et émail, rouleaux liturgiques et autres revêtements de codex en métal précieux sont superbes, mais on reste sur sa faim quant aux commentaires. Quid de l'usage de ces objets dans le contexte monachique? Des ateliers de productions ou des techniques de créations par exemple?
Une dernière partie, plus originale, traite de l'art "post-byzantin au Mont Athos", c'est-à-dire après la chute de Constinople et à l'heure de la domination ottomane. Il est amusant d'observer, malgré la très grande permanence des formes qui caractérise l'art byzantin, le léger souffle maniériste dans les icônes du XVIe siècle, ou la mince influence des art de l'islam dans certains portraits du XVIIe siècle. Preuve que la réclusion monachique n'est pas toujours synonyme d'imperméabilité stylistique.

Relativement courte pour une exposition du Petit Palais, ce n'est pas un mal, Le Mont Athos et l'empire Byzantin aurait peut-être pu approfondir un peu plus la question du rapport entre l'art et les spécificités du monastère byzantin, fouiller un peu plus la chronologie (quelles différences politiques et quelles conséquences sur l'art, entre la dynastie des Macédoniens et celle des Paléologues?) ou les techniques d'orfèvrerie ou d'enluminure pour éviter la section centrale un peu "fourre-tout".

Du 10 avril au 5 juillet 2009
renseignements pratiques ici

Illustrations:
[1] Archange, éléments de Grande Déisis, (c) Monastère de Vatopédi
[2] Calice, dit "Jaspe" - (c) Monastère de Vatopédi
[3] Déisis, saint Georges et saint Paul Xéropotaminos (c) Monastère de Saint-Paul

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tout le monde me parle de cette expo, il me tarde d'aller me faire mon avis!!!

Sabine
http://justarrived.canalblog.com/